La Croisade des Pastoureaux

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Les Pastoureaux, ou les croisades populaires

Le joli nom que voilà: des petits bergers soufflant dans leurs flûtiaux, couronnés de lierre et de fleurs, sautillant dans les prés et les bois, suivis de troupeaux de biquettes charmantes, parsèment rideaux et tentures de nos enfances.

Le terme est trompeur, il ne renvoie pas à un épisode bucolique de notre histoire mais à un moment très curieux d’élan populaire et religieux dans un environnement de violence. Plusieurs milliers de personnes y furent impliqués, et ils mirent les pouvoirs à rude épreuve.

On donna le nom de Croisade des Pastoureaux à deux mouvements séparés de 70 ans qui se déroulèrent en 1251 et 1320 et celui de Croisade des Enfants ( 1212 ) à des mouvements populaires particulièrement violents et qui inquiétèrent fort les puissants de leur temps après qu’ils eurent tenté en vain de les instrumentaliser.

Mais ce n’est pas l’histoire chronologique ou factuelle de ces mouvements qui m’intéresse, c’est l’écho qu’ils font résonner dans nos temps troublés: des hommes jeunes, pauvres, issus des classes méprisées et opprimées, s’engouffrent dans le fanatisme religieux ici chrétien, catholique.

En quelques mots: nous sommes aux temps des Croisades: les Européens se sont lancés dans la reconquête des Lieux Saints et, scandale des scandales, le roi pieux, Saint Louis est fait prisonnier par les Arabes, ainsi que deux de ses frères après leur défaite devant Mansourah.

Comment Dieu peut-il permettre cela ? Puisque bien évidemment le Dieu des Chrétiens est le seul l’unique vrai Dieu.

Pour délivrer les Lieux Saints, et le roi prisonnier, en 1251, un mouvement alimenté par des prédicateurs religieux ( du type apocalyptique, anti-puissants ) affirme que seuls les humbles et les pauvres pourront délivrer et le roi et Jérusalem parce que riches et puissants ont pêché et que leurs pêchés ont entraîné leur défaite.

1251: les Pastoureaux marchent vers Paris, armés. Ils viennent de Picardie et se déplient ver la Bretagne, Bourges et Orléans. Ils sont plusieurs milliers, ils représentent de fait un danger réel.

Dans un premier temps, la reine Blanche de Castille les reçoit et tente certainement de les canaliser voire de les utiliser. Mais les Pastoureaux sont trop dangereux pour les puissants de la société féodale, hiérarchisée et cloisonnée. Après de violents pillages et des agressions contre les communautés juives des villes, les pouvoirs locaux les répriment férocement. Ils se dispersent, mais quelques uns peuvent rejoindre les Croisés en Terre Sainte.

En 1320, plus de roi à délivrer mais un Voyage Saint à faire, des prédicateurs enflammés et des jeunes gens partis sur les routes de France, mais aussi d’Europe en direction de l’Orient pour absoudre leurs péchés.

En France, le mouvement renaît en Normandie et des groupes convergent vers le Sud. Au passage, ils commettent pogroms, pillages, violence.

Les pouvoirs ecclésiastiques, locaux, royaux s’unissent pour écraser ces troupes de jeunes gens incontrôlables.

A partir ce schéma rapide et factuel, il faut examiner le contexte social et économique: visiblement, ces masses en mouvement sont composées de paysans; Ils représentent à cette époque 90% de la population et supportent l’ensemble des charges fiscales et seigneuriales.

Au moment de l’échec des croisades, l’endettement de la royauté et des seigneurs est très important. Le roi réclame des aides pour financer ses croisades aux seigneurs, et ceux-ci les reportent sur les masses paysannes.

Celles-ci auront à supporter pendant le XIV ème siècle la présence de gens d’armes sur leur territoire qui vivent à leur dépens et se livrent au pillage, et aux exactions.

Dans un contexte économique tendu, ce que l’on appelle les émeutes, les émotions populaires peuvent prendre un tour religieux pour autant que l’église tente de canaliser les masses en mouvement vers un but  » saint  » ou que des prédicateurs illuminés ne les jettent sur les chemins des Lieux Saints.

Nous avons donc une classe sociale dominée, opprimée, pauvre dans son ensemble: la classe paysanne et dans ce groupe des hommes jeunes, des bergers ( des pastouraux ) ou des Enfants ( pueri, enfants de Dieu ).

Ils seraient en âge de prendre une place dans la société en travaillant, en se mariant, en s’intégrant dans leur milieu mais le contexte le rend impossible.

Ils sont encore dans le temps des violences adolescentes ( voir « Une Histoire de la Violence », de Robert Muchembled ) que se doit de réguler la société des aînés ( les pères, les seigneurs, les religieux, le roi ).

Car les Pastoureaux s’en prennent également au pouvoir royal: ils se rendent au devant de Blanche de Castille en 1251. Ils doivent sûrement l’inquiéter pour qu’elle tente de les instrumentaliser au lieu de les anéantir immédiatement.

Et puis nous trouvons l’appel de prédicateurs enflammés, de type apocalyptique et révolutionnaire, obnubilés par le discours primitif chrétien ( la condamnation des riches et des puissants ). Nous en retrouverons plus tard un exemple chez Savonarole en Italie.

Mais les mouvements font aussi preuve d’un antisémitisme extrême: les Juifs sont vus comme le peuple déicide, mais aussi comme ceux qui empoisonnent les puits, propagent la peste volontairement.

Je rajoute un sentiment d’impunité, un recours à la violence spontanée qui abat tout ce qui se met sur le chemin de ces groupes. Une violence qui s’en prend même à des prêtres ou des religieux.

Voici le tableau que nous pouvons dresser de ces Croisades.

Quel rapport me direz-vous avec des jours plus contemporains ?

Un monde déstabilisé dans ces structures, une classe d’âge privée d’avenir, la guerre ou ses conséquences vécues dans les structures villageoises, un besoin de trouver une réponse aux questions qui taraudent les uns et les autres, l’utilisation du discours religieux pour légitimer violences et exactions.

Je vous conseille de vous plonger dans les textes cités en référence et bien entendu de relire « Une Histoire de la Violence, de Robert Muchembled », notamment pour ses lignes sur « les classes pauvres, les classes dangereuses » .

Catherine Calvel

SOURCES:

Georges Duby: L’économie rurale et la vie dans les campagnes dans l’Occident Médiéval, Champs Flammarion,1977.

Georges Passerat: https://crm.revues.org/3533

Persée: http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1995_num_153_1_450759

Pinterest: https://www.pinterest.com/pin/524176844105025935/

Une histoire de la violence, par Robert Muchembled

histoire violence

UNE HISTOIRE DE LA VIOLENCE PAR R. MUCHEMBLED
Édition du Seuil, Points, collection Histoire, 2008.

Robert Muchembled est un historien français, né en 1944 à Liévin. Il s’est spécialisé dans l’histoire des mentalités, s’inscrivant dans la lignée des historiens de la Nouvelle Histoire qui ont commencé à professer et à écrire à la fin des années 1960 ( Geroges Duby, Emmanuel Leroy Ladurie, Jacques Le Goff, Pierre Goubert …). Il est professeur d’Histoire Moderne à l’Université de Paris XIII ( Paris-Nord ).
Agrégé d’histoire puis docteur d’État, il oriente ses travaux vers l’histoire sociale, l’anthropologie du pouvoir, la criminalité, les oppositions entre culture populaire et culture des élites. Son champ de prédilection s’étend des années 1400 à 1600, et plutôt dans le Nord de la France: l’Artois, la Picardie. Mais aussi la Belgique, et les Pays Bas.
Ses principaux ouvrages sont: « La sorcière au village », « Une histoire du diable », « Magie et sorcellerie en Europe », « L’orgasme et l’Occident », « L »invention de l’homme moderne »….

« Une histoire de la violence » est organisée en 9 chapitres, chacun subdivisé en deux ou trois sous-parties. Le premier des chapitres s’interroge sur ce qu’est la violence et le dernier naturellement sur la possibilité de l’éradiquer totalement.
Le titre en lui-même peut appeler à controverse: est-il possible de faire l’histoire de la violence ? D’ailleurs Robert Muchembled se garde bien de l’intituler « L’histoire de la violence ».
Il nous propose donc UNE histoire de la violence: où ? quand ? Qu’est ce qui est violence qu’est-ce qui ne l’est pas ? Quelle évolution, quels changements dans l’espace temps et territorial ? Quels types de violence les sociétés vont-elles criminaliser ou pas ?
R. Muchembled nous donne un premier avertissement: les sources historiques ne vont livrer que ce qu’il appelle un « chiffre noir »: qui ne rend compte que d’une partie des faits. Parce que d’une part toutes les sources ne sont pas explorées, et que par ailleurs la totalité des faits de violence ne vont pas jusqu’au judiciaire, à la criminalisation et resteront donc inconnus. Ils ne sont pas « visibles ». Tel un iceberg, la violence ne laisse apparaître qu’une infime partie de sa réalité.
Ensuite, ce qui est crime de nos jours, ne l’était pas autrefois.

L’auteur cible l’Europe de la Pologne à l’Angleterre, et de la Norvège à l’Espagne, un territoire arpenté par les historiens depuis longtemps. Il s’impose une limite temporelle: la sortie du Moyen Age jusqu’à l’après-guerre avec une prédilection pour le cœur de la période: le 16 ème et le 17 ème siècle, périodes de grands mouvements sociaux et de bouleversements culturels: l’Europe connaît des changements économiques, des conflits religieux; elle voit la naissance de l’État moderne, les grandes conquêtes extra-européennes. Tout ces événements font de cette période un moment clé de notre histoire.

R. Muchembled envisage donc une société médiévale où la violence, plutôt la brutalité, parcourt toutes les strates de la société et est un moyen pour les jeunes gens non mariés d’exprimer leur vigueur et de séduire leurs partenaires féminines dans une société où la sexualité n’est pas entièrement bridée. Elle est un moyen pour les jeunes mâles de montrer leur valeur et qu’ils sont aptes à prendre la place des pères. En aucun cas il ne s’agit, d’une part de contestation sociale, ni d’autre part de donner vraiment la mort: bousculades, coups, premier sang, gestes d’évitement, permettent de limiter les conséquences funestes entre garçons d’un même village.
La morale chrétienne peine encore à éradiquer les mœurs traditionnelles et archaïques qui valorisent donc une violence codifiée, qui vise à blesser plutôt qu’à tuer et qui oppose la plupart du temps des jeunes gens de la même communauté.
Ce monde médiéval se défoule, s’exprime collectivement dans les danses, les fêtes, les jeux, à la taverne, sur la place publique où se mettent en scène les combats des jeunes coqs avec l’accord tacite des hommes mariés et en situation de domination.

L’auteur oppose à cette société la naissance d’un nouvel ordre, qui répond à de nouveaux besoins, à la fois réclamé par les élites urbaines de chaque couche sociale et par la montée en puissance de l’État moderne. En cela il s’inscrit contre la vision de Michel Foucault qui voyait seulement la puissance castratrice d’un État dominateur et tout puissant écraser les populations. Pour Muchembled, il y a une sorte de contrat tacite, de contrat social avant l’heure, entre les classes bourgeoises citadines et le pouvoir.
La violence codifiée entre les jeunes mâles, une certaine liberté sexuelle vont être complètement bannies et réprimées: la criminalisation des agressions physiques, des meurtres et des violences diverses transfère aux mains de la justice royale, impériale ducale ou locale pour les Cités-États, la charge de rendre ces comportements anciens inacceptables.
Par ailleurs, l’infanticide se trouve lui aussi criminalisé et la plupart des femmes jugées et condamnées le sont pour cette raison. R.Muchembled y voit l’autre pan de la normalisation de la société: la surveillance de la sexualité des jeunes femmes.
Et contrairement aux thèses de Foucault, R.Muchembled montre que les condamnations à mort pour actes de violence ( meurtre ) ou pour infanticide suivent des courbes descendantes. Les mises à mort certes existent mais restent un
« spectacle »  à la fois exceptionnel et suffisamment impressionnant pour effrayer ceux qui seraient tentés de franchir le Rubicon.
Le but étant de réguler les mœurs, d’apaiser les relations sociales et de permettre le règlement des conflits devant les tribunaux avant qu’ils ne dégénèrent. On entre dans le « civilisation des mœurs »  cf Norbert Elias. ( « La civilisation des mœurs », Paris, Calman-Lévy, 1974)

Donc pour Robert Muchembled, une histoire de la violence c’est une histoire de sa criminalisation et des différentes formes de violence qui tour à tour apparaissent comme hautement condamnables: par exemple en Angleterre au
18 ème siècle, les condamnations à mort vont concerner les atteintes aux biens plus que les homicides qui se raréfient.

R. Muchembled évoque également l’extrême violence autorisée par les sociétés jusqu’en 1945: le duel, pratique française brutale et volontairement donneuse de mort, la militarisation des sociétés européennes en vue de conquêtes extra-territoriales, les révoltes paysannes, les guerres façonnent un sujet puis un citoyen apte à donner la mort dans certaines circonstances validées par la société. Il distingue dans les derniers soubresauts du 20 ème siècle, les échos de la lutte acharnée pour pacifier les mœurs sociales et la survivance de pratiques traditionnelles anciennes.

Il semble parfois y avoir des contradictions entre la violence des sociétés et les courbes descendantes d’homicides. La séparation entre violence autorisée par les États et violence traditionnelle semble parfois bien floue. Car même si les homicides diminuent, on ne peut s’empêcher de relever que les hommes entre la fin du Moyen Age et 1945 vivent des périodes particulièrement troublées et violentes.

Le texte dans ses deux derniers chapitres ouvre des perspectives intéressantes sur la naissance et le développement de la littérature « noire » : le succès des romans policiers avec leur cohorte de détectives, de Sherlock Holmes, à Hercule Poirot en passant par Maigret, et Marlowe n’est-il pas la preuve de déplacement de la violence vers des formes littéraires, oniriques ?
Le bandit bien-aimé se mue en justicier et Vidocq illustre cette transition le plus parfaitement. L’image du policier, du détective permet de satisfaire les pulsions de violence dans un cadre légitime et parfaitement inoffensif.

Mais la plus grande question qu’il reste à nos sociétés occidentales à résoudre c’est comment sublimer les pulsions juvéniles qu’elles orientaient autrefois vers la guerre. Comment éviter que la violence ne déborde des stades, des banlieues, ou ne soit exclusivement refoulée dans les marges de la société, stigmatisant les jeunes hommes de ces milieux ? R. Muchembled termine son essai sur les «  bandes de jeunes «  et s’interroge sur les réponses que nos sociétés vont apporter à ces phénomènes.
Intellectuellement stimulant,l’essai nous amène à nous interroger: peut-on parler de la violence en général ? Qu’en est-il dans les autres sociétés ( autre temps, autre lieux ) ?
Comment canaliser cette violence ?
Ne concerne-t-elle que les jeunes gens entre 15 et 30 ans ? Est-elle seulement liée à des temps de fortes pressions démographiques où les jeunes, surtout les cadets, peinent à trouver une place ou n’héritent pas de leur père, ou se marient très tard. Qu’en est-il de la violence patriarcale exercée sur les jeunes gens ? De la violence au sein du foyer domestique, envers les jeunes enfants ? De celle exercée à l’encontre des femmes par les hommes de tous âges ?
Aujourd’hui: peut-on faire le lien entre l’émergence de mouvements extrêmes ? Le Nigéria par exemple connaît une explosion démographique immense. La pression est forte et les jeunes gens peinent à trouver leur place dans la société . N’est-ce pas justement ce pays que les exactions de Boko Haram touchent de plein fouet ? Que les jeunes filles sont également les cibles privilégiée de ce mouvement, dont on ferait bien d’étudier la composante démographique.

Et dans nos sociétés ? Ne voit-on pas réapparaître des formes archaïques d’agressivité entre jeunes gens et de contrainte de la liberté des filles dans certaines couches sociales.
R.Muchembled ne cache pas également que l’éradication de la violence, de la liberté de se défendre ou de montrer sa place dans le groupe sont une des composantes de la lutte des classes: ne faut-il pas maîtriser les jeunes mâles des classes dites
« dangereuses », au 19 ème siècle, c’est-à-dire,les ouvriers ?

Le livre, une fois la dernière page, tournée, nous laisse face à plusieurs problématiques: la persistance sur le très long temps de pratiques et de mouvements profonds. Qui penserait voir dans les deux derniers conflits mondiaux un écho de la lutte entre les pères et les fils trop nombreux qui veulent une place au soleil, ou de la brutalisation des sociétés européennes en vue de conquérir la planète ? Réfléchissons aussi sur ceux que nous considérons comme des groupes « dangereux » dans nos villes et nos cités ? Comment alors faire place à ces jeunes ? Responsabiliser, poursuivre le lent chemin de la pacification des mœurs qu’ont accompli, malgré tout, les sociétés européennes jusqu’à maintenant, intégrer les jeunes gens dans la cité sont les défis de nos sociétés post-modernes.

Catherine Calvel

De la violence et des femmes

 

De la violence et des femmes, sous la direction de Cécile Dauphin et Arlette Farge, 1997, Albin Michel.

De la violence et des femmes

Dans ce livre, la violence subie par les femmes est déclinée de l’Antiquité à la Guerre de Yougoslavie (1991-1995) en parallèle à la violence féminine, comme les deux faces d’une même pièce, sortant ainsi de la dualité coutumière violence féminine/ violence masculine ou femmes violentées/ hommes violents. Pour autant il n’est pas question ici de rentrer dans les considérations psychologiques causes de cette violence ou conséquentes de celle-ci. L’angle d’approche est social et/ou politique. La question initiale de ces différents textes aurait pu être : dans quelles mesures la violence subie par les femmes ( physique, sociale ou législative) est-elle un moyen de bannir la femme de l’espace politique ?
Dans les trois parties du livre les auteures, historiennes, anthropologues et philosophes, tentent d’y répondre par diverses approches :
Dans les mythes de la Grèce antique relatant l’enlèvement d’une jeune fille par un Dieu, nulle par n’est fait mention, même de nos jours, de l’après. C’est à dire du rapt et de viol. La femme est donc considérée comme un objet que l’on peut s’approprier.
Une légende cette fois-ci, celle des tricoteuses devant la guillotine durant la Révolution française, cache peut-être ces femmes qui osaient donner de la voix dans l’enceinte de la Convention.
Puis durant la 1ère Guerre Mondiale les bombardiers chassent des champs de bataille le viril guerrier pendant que les femmes travaillent en usine. Mais ce changement ne saurait être qu’exceptionnel. Les femmes seront très vites conviées à retourner dans l’espace familial.
Ce livre se termine sur un texte difficile tant par le sujet traité que par l’indifférence dont il a fait l’objet. Le viol systématique en temps de guerre. Non pas celui des combattants saouls, frustrés, avides de sang. Mais celui organisé, planifié dans un but précis. Cela a été le cas en Yougoslavie où des femmes ont été emprisonnées et violées jusqu’à ce qu’elles tombent enceinte. La femme a toujours été considérée comme possession de l’homme et l’homme porteur de la lignée. Le viol systématique devient alors une arme majeure amenant à l’élimination de l’ennemi d’abord en l’humiliant, en le dépossédant de son bien, ensuite en le privant de son avenir et de l’avenir de sa lignée ( sa race, son ethnie)

Je suis une femme, j’habite en France et nous sommes en 2014. Si je regarde autour de moi, je vois un changement certain diraient un recul. Certains droits, acquis depuis peu, sont remis en question( IVG). La femme est politiquement reconnue même si pour cela elle doit endosser le rôle masculin ( Angela Merkel). Il y un un net retour aux valeurs dites traditionnelles ( mère au foyer, famille nombreuses) . Donc des questions se posent. Ou en sommes nous aujourd’hui ? Que se passe-t-il dans nos sociétés ?Ou va-t-on ? Je ne sais pas. Mais je garde à l’esprit ces paroles de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilante votre vie durant. »

Alexa.S